Quand je serai grande, je veux être...

Publié le par Caro

Quand j'étais plus jeune et qu'on me demandait ce que je voulais devenir plus tard, je répondais que je voulais être juge pour enfants. A 4 ans je voulais être toiletteuse pour chiens, mais bon, j'avais 4 ans...

Le temps passant, j'ai voulu devenir prof d'anglais, mais un stage en collège m'a permis de réaliser que ce n'était pas du tout fait pour moi.

Quand je serai grande, je veux être grande aurais-je du dire, car avec mon mètre 54, même les petits de 6ème menaçaient d'être plus grands que moi. Et les 3ème étaient à baffer.

Finalement un curieux concours de circonstances m'a amenée vers la communication et la publicité en particulier.

J'ai arrêté mes études à bac+4 pour entrer dans la vie active. Ce n'est pas que je ne voulais pas aller plus loin, mais finançant moi même mes études, j'étais à cours de moyens.

 

Aujourd'hui, avec le recul et surtout en considérant la galère pour retrouver du boulot, j'en arrive à regretter mes choix et de ne pas avoir préféré me lancer dans le droit. Trop tard pour m'y diriger maintenant.

 

Ca fait plusieurs mois maintenant que je cherche à réintégrer une agence et que je perds mon temps. La démotivation me guette. Je vais devoir en arriver à trafiquer mon CV, non pas pour m'octroyer des qualifications que je n'ai pas, mais pour enlever celles que j'ai. A quoi cela m'avance qu'on emette un "Waow !" en lisant mon CV si cela n'aboutit à rien.

J'ai beau expliquer que je me fous royalement du salaire, rien n'y fait. Il y a comme un curieux voire stupide consensus d'après lequel on ne veut pas ou ne peut pas vous payer au prix que vous valez sur le marché mais on ne veut pas non plus vous payer en dessous. C'est l'histoire du serpent qui se mord la queue, mais en attendant moi je ronge mon frein.

 

Outre le fait qu'il est particulièrement énervant de ne pas avoir de réponse, ce que j'assimile à un manque de courtoisie des plus élémentaires, il faut bien se rendre compte qu'on en prend un sale coup à l'égo.

Je me sens comme les vaches du casting de la Vache qui Rit : trop grosse, trop tarte, trop nulle...ben oui, quand on est bon, on a du taf non ?

 

Je compile à moi toute seule tous les critères prohibitifs : proche de la quarantaine, femme, handicapée. Notez que je ne dis plus que je bénéficie du statut de travailleur handicapé, j'ai vite réalisé que les portes se fermaient plus vite encore qu'elles ne s'étaient ouvertes.

 

J'en arrive à me demander ce que je pourrais bien faire comme métier du coup.

Oublions les travaux manuels, je suis adroite de mes mains comme un chien de sa queue. Attila, la chienne de ma mère est bien la seule à être capable de faire l'hélicoptère avec la sienne, mais quand on voit son regard plein d'un gouffre sidéral on ne s'étonne plus de rien. Bon, je sais quand même faire quelques trucs avec mes mains, je ne suis pas manchotte à ce point.

 

Oublions tous les métiers pour lesquels il faut une taille minimale. Quand on est un petit module, on joue dans un bac à sable mais pas dans la cour des grands.

 

Passons tous les métiers axés sur le physique. Je suis ronde et j'ai beau avoir perdu 15 kilos, je n'ai rien d'un mannequin. J'ai des épaules de nageuse d'ex Allemagne de l'Est, développées justement grâce à la natation intensive et aux barres asymétriques dans ma jeunesse, et une ossature des plus massives. Même la chirurgie esthétique ne peut plus rien pour moi. Quoique...je ferais bien refaire un ou deux trucs, à commencer par mon nez, qui m'a valu de me faire surnommer Cléo par le passé...

 

Je n'ai pas les bons diplômes et honnêtement je n'ai aucune intention de retourner sur les bancs de l'école.

La pâtisserie m'aurait bien tentée, mais je suis physiquement inapte pour ce genre de boulot et trop gourmande pour laisser partir mes gâteaux.

Je n'ai pas la fibre commerciale. Pas assez de patience pour enseigner. Je suis une bille en maths et en sciences. Le ménage, j'ai déjà du mal de le faire chez moi. Je suis allergique aux trois quarts des plantes et arbres. Une quiche en informatique.

J'aurais pu me diriger vers les ressources humaines : un passif de délégué du personnel, membre du CE, membre du CHSCT et délégé syndical, c'est formateur. Ca vaccine aussi.

 

Non vraiment, j'ai beau faire le tour de tous les métiers, je ne suis apte à rien. Je suis économiquement inutile, obsolète. Moi ce que j'aime c'est la pub, envers et contre tout. J'aime convaincre, fédérer, faire rêver, manipuler les mots et les idées, inventer des images et des concepts.

Quand j'ai dit à ma mère que je voulais devenir publicitaire, à la sortie du bac, je me suis faite laminer : "tu feras des études longues pour avoir un vrai métier !". C'est un vrai métier, c'est celui qui me donne des poussées d'adrénaline, fait tourner mon cerveau à 200%, me prend aux tripes, excite ma curiosité...c'est un pur orgasme cérébral que de trouver L'Idée, que de pousser au crime, que de propulser des centaines voire plus d'individus dans des univers riches et variés. Je les connais mes cibles, je les apprends, je les devine, je deviens elles, je leur offre ce qu'elles attendent, je partage avec elles, je leur donne envie.

 

Mais y'a pas une agence qui ait envie de moi.

C'est toujours pour un homme, pour un jeune, pour quelqu'un d'autre. Quelqu'un de mieux quoi.

Comme la Vache qui rit. Je me plante au casting, je n'ai pas le profil de la Star.

Je lui collerais bien des tartes à la Vache qui Rit, tiens, histoire qu'elle arrête un peu de se marrer.

 

 

Publié dans Reflexions

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